Joan Miró – Peintre, Espagne
Joan Miró (Barcelone 1893 – Palma de Majorque 1983)
Joan Miró se met à la peinture très jeune, dès l’âge de huit ans. Il expose ses premières toiles en 1918 et s’installe à Paris dès 1920. En 1922, Jean Dubuffet lui laisse son appartement. A Paris, Miró rencontre des peintres, des écrivains, des poètes qui deviennent ses amis. Il fréquente beaucoup de poètes « J’ai senti que j’avais besoin de dépasser la peinture pour me rapprocher de la poésie (…). La poésie m’intéressait par-dessus tout » Joan Miró. C’est ce qui l’a mené à créer ses peintures-poèmes. D’où le titre de l’exposition qui fait allusion à sa peinture-poème « Ceci est la couleur de mes rêves ».
C’est à Paris, en 1922, qu’il vend sa première toile d’importance « La ferme » qui est l’œuvre principale de l’époque dite « détailliste », à Ernest Hemingway, pour 5 000 francs.
Miró a revendiqué tout au long de sa vie une totale liberté créatrice, et a refusé les carcans cubistes, surréalistes ou abstraits. S’il s’est rapproché, un temps, du surréalisme, Miró n’est pas un surréaliste pour autant.
Dans de nombreux entretiens des années 1930, Miró disait vouloir abandonner les méthodes conventionnelles de la peinture pour — selon ses propres mots — « les tuer, les assassiner ou les violer ». « Je voulais avant tout une liberté absolue et totale. » Joan Miró
Pour décrypter son style, il faut des clés. L’artiste a inventé son propre vocabulaire, ses symboles, son écriture.
Toutes les gravures exposées à la galerie Murmure datent des années 70/80. Durant cette période, Miró dessine avec une spontanéité proche du style enfantin. Les traits épais sont faits avec de la couleur noire, et ses toiles sont pleines de peintures qui rappellent toujours les mêmes thèmes : la terre, le ciel, les oiseaux, la femme, l’enfant, la maternité ou encore les astres. Dans sa conception, la lune représente la féminité, et le soleil, l’être masculin. Les étoiles font référence au monde céleste, les personnages symbolisent la terre et les oiseaux sont l’union des deux.
« On trouve très souvent des étoiles dans mon œuvre parce que je me promène souvent en pleine nuit, je rêve de ciels étoilés et de constellations, cela m’impressionne et cette échelle de l’évasion qui est très souvent mise en valeur dans mon œuvre représente une envolée vers l’infini, vers le ciel en quittant la terre. » Joan Miró
Miró reste fidèle à sa technique de base, qui est de séparer le fond des événements qui s’y déroulent. Derrière, il y a l’écran plat, taché de n’importe quelle couleur. C’est le fond de la mer, le ciel ou la nuit claire.
Il n’a cependant jamais donné de lecture précise à ses œuvres. Elles étaient interprétables à la liberté de chacun. Si quelqu’un y voyait un oiseau, alors c’en était un, si l’on y devinait une forme particulière, Miró abondait dans notre sens !
Dans sa villa conçue par son ami l’architecte Sert en 1956, il y a une salle de méditation où sont accrochés des portraits de ses parents et de son ami Picasso. Il s’y recueille et y médite très souvent. Il fait alors le vide dans ses tableaux (par exemple Bleu I, Bleu II et Bleu III…). Après avoir réalisé un fonds, Miró applique avec la prudence des signes minimalistes : lignes, points aux coups de pinceau. Il veut provoquer de l’émotion avec un minimum de moyen.
« J’ai mis beaucoup de temps, pas à les peindre, mais à les méditer. Il m’a fallu un énorme effort, une énorme tension intérieure pour arriver au dépouillement voulu. » Joan Miró
Miró était un travailleur acharné, « Je me repose en changeant de travail. Je fais de la sculpture, par exemple, quand j’ai beaucoup peint. Je travaille plus que jamais. J’ai acheté à une cinquantaine de mètres de chez moi une grande maison du XVIIe siècle, et j’en ai fait un nouvel atelier. Dans l’écurie, je fais aménager un atelier de lithographie et, dans la lingerie, un atelier de gravure. Des fois, je pousse des cris en travaillant, comme un animal, ou comme un mystique. Je ne prends jamais de vacances. Si je ne travaille pas, je perds l’équilibre. »
Il étonne ses amis par la propreté méticuleuse de son atelier. Un ordre parfait y règne. Il y a une place tangible pour la gomme, une autre pour les crayons. Chaque soir, les pinceaux sont lavés et rangés avec soin.
- Barcelone 1893 – Palma de Majorque 1983
- Origine: Espagne
- Art: Peinture, Lithographie, Gravure