Michel Cornu – Peinture, Gravure, Dessin
Michel Cornu
Autodidacte dans l’âme, Michel Cornu a tracé son chemin au gré des aléas de la vie. Son parcours fait de rencontres l’a mené aux confins de sa force créatrice.
Dépourvu de la carapace conventionnelle des enseignements académiques Michel Cornu a été perméable aux influences de Zao Wou-Ki, de Yamazaki et de Turner. Sans en être pleinement conscient sur le moment, il s’est rendu compte que, lors de ses premières approches créatrices, ces trois grands noms de l’histoire de l’art lui ont insufflé une direction artistique. Ensuite c’est Antoni Tàpies qui a guidé ses pas, fasciné par la force de son œuvre et la douceur du personnage. Artiste de la matière Tàpies a permis à Michel Cornu d’appréhender l’épaisseur, la densité, l’opacité à travers des matériaux comme la toile, différents types de papiers et le collage de matières diverses.
Son parcours l’a mené à Colmar où il a installé son premier atelier rue de l’Ange au milieu des années 1990. Ses dessins sont alors très expressionnistes. Il travaille beaucoup à la pointe sèche.
Le thème de la ville devient prépondérant, mais il le traite avec des approches picturales très différentes. Sensible au contexte social, à la misère urbaine, Michel Cornu a focalisé son regard sur les miséreux, les SDf. Les mendiants se sont, dans un premier temps, inscrits dans la cadre urbain pour peu à peu s’imposer et devenir thème central. Ses œuvres deviennent engagées et dénoncent la misère ambiante qui entraine l’être humain dans une spirale le privant de sa dignité. Le motif exprime la colère de l’artiste face à la société.
Le mendiant est donc le fil conducteur des œuvres dessinées, peintes et gravées de Michel Cornu. D’abord figuratif, il s’est stylisé pour s’abstraire totalement et devenir un geste, une écriture. « L’art c’est de la graphologie » où le figuratif cède la place au signe. Le mendiant s’est peu à peu délité, sa tête s’est atrophiée car la souffrance se concentre dans la tête. Le corps s’est réduit à une simple ligne. L’abstraction de œuvres de Michel Cornu est très relative car pour l’artiste c’est la superposition de formes figuratives qui crée l’abstraction. « Il y a une spirale qui se forme presque malgré moi, par l’accumulation de mendiants ». Cette spirale, englobe le mendiant, l’aspire. « La trajectoire des spirales emportent le corps du mendiant effaçant ainsi toute référence à la figuration. »
Ce mendiant s’est universalisé pour représenter l’ensemble de l’humanité car nous sommes tous à un moment de notre parcours le mendiant de quelque chose. Michel Cornu a ainsi placé l’humain au centre de son œuvre. Il l’a enveloppé dans une hélice pour le mener vers la quintessence de l’univers. Ce tourbillon chromatique devient révélateur de l’intensité de la graphologie plastique de l’artiste. Les noirs se battent pour révéler la transparence du noyau central et inversement. Les couleurs deviennent évanescentes sous la puissance du noir dévoilant l’essentiel.
Artiste du corps, artiste de l’effort Michel Cornu est en perpétuelle évolution. En réponse aux pérégrinations de son esprit ses œuvres évoluent, se transforment et répondent aux allégations de ses ambitions plastiques. Dans la solitude de son atelier colmarien, il crée. La profondeur de son regard guide son geste et accompagne son corps. Ses dessins, ses peintures et ses gravures explorent le mouvement dans une image figée.
Sur son papier Arche ou Japon, le jeu du noir et du blanc, rythme son œuvre à l’image des notes de musique et propose une symphonie picturale mélodieuse.
Aujourd’hui Michel Cornu est exposé à la galerie Murmure, face à la cour des Anges qui lui rappelle que son premier atelier à Colmar se situait rue de l’Ange…
- né en 1957
- Origine: France
- Art: Peinture, Gravure, Dessin