Marc Chagall, peinture, gravure
Marc Chagall
« Si je crée avec mon cœur, à peu près tout fonctionne. Si c’est avec ma tête, presque rien. » Marc Chagall
Issu d’une famille juive hassidique, dont la vie est rythmée par le temps rituel de la pratique religieuse, il est l’ainé d’une fratrie de neuf enfants. Très jeune il se tourne vers la peinture et va intégrer l’École des Beaux-arts de Saint-Pétersbourg en 1907. Il se perfectionne dans l’atelier du peintre Léon Bakst où il rencontre l’amour de sa vie : Bella Rosenfeld en 1909.
Attiré par le bouillonnement culturel de Paris, il s’y rend en 1911 et s’installe à La Ruche. Il se lie d’amitié avec le poète Apollinaire, fréquente assidûment le Louvre et découvre les nouveaux courants artistiques : les fauves et les cubistes. Il expose ses œuvres à Paris et à Berlin.
En 1914 il retourne à Vitebsk où il épouse Bella. Une fille, Ida naît de leur union. Sa notoriété le propulse responsable de l’École des beaux-arts de Vitebsk qu’il quittera sous l’impulsion de Malevitch.
Exilé de Russie, il s’installe en France en 1925. C’est un des membres de l’École de Paris, qui regroupe des artistes étrangers dans la capitale des arts. Ambroise Vollard devient son marchand d’art. Il lui commande une série d’illustrations des Fables de La Fontaine, puis de la Bible. Il réalise une quarantaine de gouaches puis 105 gravures. À la main Chagall les rehausse toutes d’un peu de gouache. Dans ces illustrations de la Bible, il fait des liens entre le passé et le présent, entre la persécution de Jésus et celle que subissent les juifs en Europe dans les années 1940. Il est naturalisé français en 1937, mais est contraint à s’exiler aux Etats-Unis en 1941 pour fuir les nazis.
En 1944 Bella décède subitement. Pendant près d’un an, terrassé par le chagrin il ne pourra plus peindre. Il rencontre Virginia Mc Neil et aura un fils David en 1946. La fin de la guerre marque son retour en France en 1948, mais également sa reconnaissance internationale avec des rétrospectives dans le monde entier. En 1952, il se marie avec Valentina dite Vava.
À partir des années 1950 Chagall se consacre à de nouvelles techniques d’expression artistique : la céramique, la mosaïque, la tapisserie et le vitrail. Il fréquente l’atelier du célèbre imprimeur lithographe Fernand Mourlot.
Sa notoriété lui amène des commandes publiques comme les vitraux de la cathédrale de Metz en 1959 ou celle de Reims en 1974. André Malraux lui demande de réaliser le plafond (plus de 200 m²) de l’Opéra Garnier révélé au public en 1964 alors qu’il a 77 ans. Un travail colossal qu’il a gracieusement offert. En 1966 il a également offert à l’état français son œuvre Message biblique, qui sera exposé au Louvre, du vivant de l’artiste.
Il s’est éteint à Saint-Paul-de-Vence en 1985 à l’âge de 98 ans après avoir scrupuleusement répondu à cet art de vivre : « Si toute vie va inévitablement vers sa fin, nous devons durant la nôtre, la colorier avec nos couleurs d’amour et d’espoir. » Marc Chagall
On ne peut pas rattacher Chagall à une école. S’il se rapproche du surréalisme par l’importance qu’il accorde aux rêves et à l’imagination dans ses œuvres, il ne peut pas être associé à ce mouvement. Il a créé une œuvre très personnelle à forte connotation de sacré qui s’inspire de la culture juive hassidique de sa jeunesse, mais également de la culture chrétienne orthodoxe et du patrimoine culturel russe. Des animaux et des humains flottent dans les airs. Des bouquets de fleurs, des amoureux, des villageois, des violons, des calèches, des horloges, des arbres (symbole de vie), des vaches, des coqs, des anges, des oiseaux (métaphore des êtres qui vont et viennent entre les deux mondes), un peintre, une mère et son enfant, le croissant de lune (une référence à Dieu), le Christ crucifié, le rabbin, la bougie, le chandelier a plusieurs bras, l’univers du cirque, la Tour Eiffel, les ponts sur la Seine…
Issu d’une famille pratiquant le judaïsme hassidique qui interdit la représentation de la figure humaine, Chagall a pris des libertés picturales qui ont été critiquées par sa famille au point que son oncle a refusé de lui serrer la main. Pour ne pas représenter Dieu dans ses œuvres, il va le substituer aux anges.
Dans les œuvres de Chagall, les lois de la gravité et de la perspective ne sont pas respectées. Les personnages évoluent dans le ciel, le petit se juxtapose au grand…
Si Chagall a dit « Je plonge dans mes réflexions, je vole au-dessus du monde », c’est que ses images renvoient à une symbolique. Certains personnages ont un œil ouvert et un œil fermé : l’œil ouvert regarde le monde, la réalité et l’œil fermé renvoie à la vision intérieure de l’être. Dans ses œuvres, Chagall représente des états psychiques et spirituels intérieurs. De nombreux avatars de l’artiste peuplent ses œuvres : l’ange, le saltimbanque, le coq… même le bouquet de fleurs est bien souvent un autoportrait. « Mon cirque se joue dans le ciel » Chagall, signifie qu’il ne cherche pas à figurer le réel, mais à représenter une autre réalité.
Chez Chagall, la couleur est essentielle. Elle s’impose avec tous ses contrastes dans une utilisation très personnelle. Cheval bleu, chèvre jaune, barbe violette…cet iconoclaste de la couleur renverse les impressions chromatiques habituelles. Selon l’expression d’André Malraux, Chagall joue “ le grand jeu de la couleur”.
Pourtant après la guerre et son exil aux Etats-Unis, Chagall présente un grand nombre d’œuvres en noir et blanc. À partir de 1949 alors que Chagall s’installe dans le sud de la France, la couleur retrouve sa place dans sa peinture, avec plus d’intensité. Influencé par Gauguin, il est devenu un coloriste aussi renommé que Matisse.
- Vitebsk, Biélorussie 1887 – Saint-Paul-de-Vence, France 1985
- Origine: Biélorussie
- Art: Peinture, Gravure