Rose-Marie Crespin – Sculpture – Collage – Céramique
Rose-Marie Crespin
Exposition « Temps éprouvés »
Dans le cocon de son atelier une multitude de boîtes, de tiroirs et d’innombrables objets collectés épinglés au mur… Une maîtrise en Arts Plastiques à Rennes, les Arts Décoratifs à Strasbourg, les ateliers de l’Opéra Bastille et de l’Opéra du Rhin pour la création de costumes et les ateliers de dessin de broderie pour la Haute Couture…voilà un parcours initiatique riche et varié.
Rose- Marie Crespin aime la précision. Dans ses créations elle cherche à dissimuler le geste, à le rendre invisible, se rapprochant ainsi du processus de la nature où l’infiniment petit échappe à l’acuité visuelle. Cette échelle permet à Rose-Marie Crespin de présenter des œuvres que l’on peut appréhender d’un seul coup d’œil. Elles tiennent dans nos mains et rompent avec l’immensité de ce qui nous entoure, permettant ainsi un retour sur soi, un retour en soi.
C’est cette logique de construction qui prime. Il n’y a rien de spontané dans les œuvres de Rose-Marie Crespin mais une interrogation sur comment éprouver une durée. La lenteur est un fondement intrinsèque de sa force créatrice. Le temps de création importe peu pour l’artiste, elle cherche à absorber le temps. Ce qui compte, c’est d’entrer dans ce recueillement créatif et de voir comment l’être humain peut créer son propre temps qui n’est pas celui de la nature. Elle s’intéresse ainsi à l’état mental des personnes qui ont vécu un enfermement et comment elles cherchent à puiser dans leur psychisme la force qui leur permet de dépasser cet isolement.
Très impressionnée par les représentations mentales, elle s’interroge sur la façon dont notre cerveau fait émerger des images à partir de notre vécu ou de nos lectures. Elle puise dans les mots des grands auteurs l’origine de certaines pièces. Les vers de Baudelaire lui ont d’ailleurs permis d’extraire des souvenirs fugaces qu’elle a transcrits plastiquement.
L’apparente abstraction des œuvres de Rose-Marie Crespin nous renvoie à nos souvenirs et nos projections. Pour l’artiste ce sont des mues de ses propres souvenirs. Un instant fugace, une ambiance, une époque, des objets du passé… communiquent entre eux et offrent à l’artiste des images mentales qui vont servir d’étincelle à sa création. L’évanescence d’un instant passé va ainsi amener Rose-Marie Crespin à se projeter dans la construction structurée d’une cathédrale de papiers découpés pour rencontrer l’histoire émotionnelle du spectateur.
Exposition « Histoires Naturelles »
Rose-Marie Crespin concentre dans l’exposition « Histoires Naturelles », sa thématique plastique autour du monde végétal.
Les sculptures présentées sont des artefacts dans lesquels elle combine un élément naturel à la fragilité des ornements de cire. Ses pièces réalistes sont ainsi poétisées par la matière qu’elle utilise pour les façonner. La cire reprenant les mêmes principes visuels que le processus végétatif.
Ses collages atteignent un degré de perfection incomparable. Découpant avec dextérité les motifs qui l’intéressent dans des magazines, Rose-Marie Crespin les réunit dans une composition plastique créant ainsi une œuvre originale. La finesse de ses collages assemblés d’une main invisible façonne un univers minimaliste et bucolique.
Avec les Nouages dont les nœuds prennent appui les uns sur les autres pour former des formes végétales, Rose-Marie travaille aux limites de la manipulation et de la vision. Ces pièces renvoient aux périodes d’enfermement où les Hommes sont démunis de tout et doivent nécessairement puiser dans leur vécu pour se lancer dans la fabrication de ce qui se trouve en leur présence.
Exposition « Fragments d’un discours féminin »
De nombreuses figures féminines peuplent les arcanes culturels de Rose-Marie Crespin. Elle admire l’esprit de recherche constante de Pierrette Bloch, « Sa démarche est aussi tenace et exigeante que celle de Roman Opalka. Son approche d’un geste minimal exploitant des moyens rudimentaires, sa gamme restreinte de couleur… malgré cette sorte d’engagement sobre, Pierrette Bloch a su déployer un vocabulaire plastique sensible, varié, émouvant, ludique que j’affectionne particulièrement. »
Elle est touchée par le travail consacré aux souvenirs d’enfance de l’artiste iconique Louise Bourgeois.
Ces artistes féminines auxquelles elle rend hommage appartiennent à des univers plastiques divers : des céramistes (Elsa GUILLAUME, Daphné CORREGAN), des graveuses (Muriel MOREAU)…
Mais ses références vont au-delà des carcans plasticiens. Elle a par exemple été très émue par la danse « Rosas » Fase, Four Movements to the Music of Steve Reich, 2002 de la danseuse-chorégraphe belge Anne Teresa De Keersmaeker : « Troublante danse solo, où la danseuse devient un compas qui inscrit provisoirement des séquences de gestes sur un sol meuble. L’intensité, l’amplitude et l’orientation de ses gestes ainsi reproduits, puis leurs glissements vers d’autres séquences forment au fil d’un temps chorégraphique une rosace. »
Toutes ces références culturelles nourrissent l’imaginaire de Rose-Marie Crespin.
- née en 1971
- Origine: France
- Art: Sculpture, collage, nouage, céramique