Exposition Renaud Allirand : Bruissements
Renaud Allirand a débuté sa carrière artistique avec la peinture et le travail à l’encre de Chine, qui est son médium de prédilection et ne permet aucun repentir. « Dix années « sans une parole » consacrées à la peinture, à l’encre de Chine, et un jour, j’ai eu envie, un besoin urgent de m’exprimer autrement : je voulais écrire, mais comment ? Avec des mots, intimes mais éphémères. La gravure m’est alors apparue comme l’unique moyen, écrire à l’endroit puis à l’envers, avec la précision des mots les plus vrais et de la pointe sèche, puis de l’acide, cette « eau- forte », morsure des mots. Ecrire et réécrire sur ses propres paroles, délier mes peurs, jusqu’à certaines vérités, palimpsestes du noir, en noir. Et ces « écritures » sont devenues des pages illisibles le plus souvent, presque abstraites, une sorte de nouvelle écriture ou de la première écriture peut- être, sans frontières où chacun peut imaginer une page de ses propres mots, de sa propre existence, terrestre ou d’ailleurs. Grâce à ces « écritures », le chemin de la gravure m’était ouvert, et ma peinture est entrée dans la gravure, sans couleur, sur le métal froid, matrices de cuivre et zinc ou plexi. Graver, c’est écrire en miroir, ombres blanches des sillons noirs, horizontales et verticales, spontanéité et continuité de l’encre de Chine, fluidité et lignes de force, d’une architecture vers la lumière, celle du nord me fascine. » Renaud Allirand
Dans son œuvre gravée, graphique et poétique, Renaud Allirand explore le trait. Obéissantes et ordonnées, les lignes se rangent, se positionnent, s’ordonnent en quadrillage ou prennent des libertés. Notre regard est happé par ces lignes qui construisent des espaces délimités, des pleins, des vides et des cheminements. La noirceur de la ligne attaque la blancheur immaculée de la feuille et s’offre parfois une dynamique chromatique. De cet équilibre formel naît une émotion visuelle énigmatique qui laisse en nous une empreinte mystérieuse.