Exposition Poussière et matière, le monde réfléchi de Vladimir Skoda
L’œuvre de Vladimir Skoda est profondément marquée par son exploration du cosmos et des mystères de l’astrophysique. Fasciné par l’univers, il traduit ces concepts en formes sculpturales, invitant à repenser notre relation avec l’espace, le mouvement et le temps. À travers ses sculptures, notamment ses sphères emblématiques, Skoda utilise la forme sphérique pour symboliser l’infini et explorer la manière dont cette forme nous aide à comprendre l’immensité de l’univers.
Les surfaces réfléchissantes de ses sphères captent et transforment la lumière, créant des reflets qui évoquent l’immensité de l’espace et la complexité des phénomènes astrophysiques. Ces œuvres deviennent des métaphores de l’univers, où chaque reflet suggère une nouvelle dimension et une nouvelle perspective sur la réalité.
Vladimir Skoda s’intéresse également à la question de la transformation de la matière, un concept qui résonne avec les théories de la physique moderne et la cosmologie. Pour Vladimir Skoda, toute matière est de l’énergie concentrée. Ce n’est qu’à un certain degré de concentration que cette énergie devient visible aux yeux humains. La brillance du soleil lui rappelle le travail de la forge, où le métal incandescent, chargé d’énergie et de lumière, passe du jaune au rouge, puis au noir en refroidissant. L’acier qui sort de la forge refroidit d’abord par l’extérieur, tandis que l’intérieur invisible de la matière reste encore lumineux. En forgeant le métal, il explore la manière dont l’énergie et la matière interagissent, se transforment, tout en conservant une essence commune. Cette transformation évoque l’évolution de l’univers, où les éléments se transforment, se déplacent, mais où la matière reste constante dans sa substance.
Le travail de Vladimir Skoda, imprégné de ses recherches en cosmologie et en astrophysique, ne se contente pas de représenter l’univers ; il cherche à en exprimer la dynamique interne. Ses œuvres sont autant des objets esthétiques que des méditations sur le cosmos, invitant à réfléchir sur la place de l’humain dans l’univers et sur les forces invisibles qui façonnent notre réalité. Par cette quête, Vladimir Skoda redéfinit les frontières entre l’art et la science, utilisant la sculpture comme un moyen d’explorer et de dévoiler les mystères du cosmos.
Les œuvres de Vladimir Skoda, grâce à leurs surfaces mates ou réfléchissantes, transcendent leur propre expressivité en révélant la magie latente des lieux qui les accueillent. Elles accentuent les perspectives, les reliefs et les distorsions, offrant ainsi aux spectateurs une expérience à la fois sensorielle et intellectuelle.
Vladimir Skoda, bien que reconnu pour ses sculptures, pratique également le dessin et la gravure de manière régulière. Il parvient à capturer l’immensité cosmique dans des œuvres graphiques qui reflètent autant sa réflexion sur le visible et l’invisible que son approche sculpturale.
On peut fréquemment voir dans les œuvres graphiques de Vladimir Skoda des sphères qui renvoient métonymiquement à l’idée de la Terre. Par un renversement poétique, ces dessins et gravures transforment cette terre en un ciel où les étoiles, les nuées, et les galaxies se projettent. Grâce à ce basculement, Vladimir Skoda parvient à capturer l’immensité cosmique, tenant littéralement le ciel entre ses mains. Ses œuvres graphiques évoquent des trajectoires et des constellations imaginaires. Elles révèlent une réflexion sur l’interaction entre les formes tracées et leur possible transposition dans l’espace, créant une cartographie de l’univers à la fois intérieur et extérieur.
Dans les « poussièrogrammes » Vladimir Skoda explore la matérialité, le hasard, et la transformation des matériaux. Ces œuvres sont réalisées à partir de poussières de métaux, souvent issues des résidus de ses propres sculptures. Skoda recueille minutieusement ces poussières et les dépose sur du papier, créant des compositions abstraites. Le processus lui-même est à la fois méthodique et aléatoire, car la manière dont les poussières se déposent et interagissent entre elles dépend de nombreux facteurs comme la gravité, la charge électrostatique, et même la respiration de l’artiste. Les dessins résultants évoquent des phénomènes cosmiques. Ils peuvent rappeler des galaxies, des ondes, ou des formations minérales.
Le choix de la poussière de métal n’est pas anodin ; il renvoie à une réflexion sur la transformation de la matière, sur la beauté des résidus et des matériaux souvent perçus comme dénués de valeur. Vladimir Skoda invite ainsi le spectateur à reconsidérer ce qui est normalement invisible ou insignifiant, en transformant la poussière en œuvre d’art.
« J’ai toujours apprécié réutiliser les différents métaux, les restes : des épingles, des fils de fer, des fils de cuivre enlevés des câbles électriques, des ressorts, des chutes de l’acier… » (…) « En travaillant l’acier dans mon atelier, il y avait toujours des tonnes de poussières de cette matière. La poussière de métal a même fait ses empreintes sur les murs en décrochant certaines œuvres. » (…) « Ça a introduit encore une nouvelle approche de travailler et réutiliser l’acier. » (…) « Evidemment la poussière me faisait penser à la poussière cosmique et au fait que nous sommes tous fait de poussières d’étoiles. Je jouais avec la poussière… En reflétant tout mon imaginaire. » Vladimir Skoda