Les artistes de l’ exposition : Fragments d’un discours féminin
Maîtresses de leur destin, assumant leur créativité, voilà des artistes femmes qui osent et s’imposent. De leurs œuvres émergent un langage plastique d’une forte subjectivité. Qu’elles soient peintres, sculptrices ou photographes, elles signent leurs œuvres de leur sensibilité féminine. Dans l’art d’hier et d’aujourd’hui, l’image féminine s’est toujours imposée : muse, modèle, mécène ou artiste. En proposant une exposition mettant en avant des artistes féminines la galerie Murmure souhaite promouvoir leur force créatrice, la profondeur de leurs questionnements, la subtilité de leur démarche, la force et la beauté de leurs œuvres.
Céline Dupont, artiste peintre
Peintre céramiste, Céline Dupont « souhaite, tout simplement grâce à la matière, exprimer ce qu’il y a de plus beau et de plus fragile. Un instant sur la Terre, dans son intégrité, sa profondeur, son histoire. » Ces œuvres sont un hommage à la terre, une incitation à la contemplation et à la reconnaissance de son pouvoir. Cet amour pour la terre, elle le doit à son parcours initiatique. D’abord assistante d’un artiste sculpteur, elle a rencontré l’argile, réalisé ses premières sculptures et appris ce qu’était cette grande famille de pigments. Elle a ensuite ouvert son atelier de céramiques à Vallauris. Ses pérégrinations artistiques la mènent en Italie, à Paris, en Belgique, à Tokyo… En 2006 des soucis de santé ne lui permettant plus de tourner la terre, elle se remet à la peinture et transpose dans sur ses toiles toute son expérience de la matière.
Sophie Patry, auteure photographe
Ayant fait des études de cinéma, Sophie Patry a été influencée par les films expressionnistes allemands (Friedrich W. Murnau, Fritz Lang…). Quand elle s’est tournée vers la photographie, elle a voulu créer ses images et y intégrer le mouvement issu de ses études cinématographiques. L’irréel, le fantastique guident ses créations où le flou délibéré impose une dynamique tangible et joue la confusion avec le fusain. Ses photographies lui servent de communication non verbale pour exprimer ses émotions, ses sensations. Elles sont classées par thèmes, mais n’ont jamais de titre afin de laisser l’imagination de chacun s’exprimer. Ses autoportraits ont valeur de catharsis lui permettant de s’approprier son reflet.
Depuis 2014, elle expose en France et à l’étranger (Allemagne, Belgique, Ile de la Réunion, Iran, Irlande, Italie et Suisse). En 2019, une de ses photos de sa série « People » est deuxième au Concours le Géant des Beaux-Arts, ce qui l’a emmenée à être invitée à exposer à Art Capital au Grand Palais à Paris en février 2020. En novembre 2020, elle a exposé aux États-Unis, au « The Florida Museum of Photographic Art » (FMoPA) à Tampa en Floride.
Ses photographies font l’objet de différentes publications dans des revues littéraires.
Rose-Marie Crespin, l’art du nouage et de la céramique
De nombreuses figures féminines peuplent les arcanes culturels de Rose-Marie Crespin. Elle admire l’esprit de recherche constante de Pierrette Bloch, « Sa démarche est aussi tenace et exigeante que celle de Roman Opalka. Son approche d’un geste minimal exploitant des moyens rudimentaires, sa gamme restreinte de couleur… malgré cette sorte d’engagement sobre, Pierrette Bloch a su déployer un vocabulaire plastique sensible, varié, émouvant, ludique que j’affectionne particulièrement. »
Elle est touchée par le travail consacré aux souvenirs d’enfance de l’artiste iconique Louise Bourgeois ; bouleversée par Marguerite Sirvins, qui est une figure de l’art brut, et qui lors d’un internement en psychiatrie à conçu « sa » robe nuptiale faite de fils de ses draps de lit qu’elle a tiré un à un.
Ces artistes féminines auxquelles elle rend hommage appartiennent à des univers plastiques divers : des céramistes (Elsa GUILLAUME, Daphné CORREGAN), des graveuses (Muriel MOREAU)…
Mais ses références vont au-delà des carcans plasticiens. Elle a par exemple été très émue par la danse « Rosas » Fase, Four Movements to the Music of Steve Reich, 2002 de la danseuse-chorégraphe belge Anne Teresa De Keersmaeker : « Troublante danse solo, où la danseuse devient un compas qui inscrit provisoirement des séquences de gestes sur un sol meuble. L’intensité, l’amplitude et l’orientation de ses gestes ainsi reproduits, puis leurs glissements vers d’autres séquences forment au fil d’un temps chorégraphique une rosace. »
Toutes ces références culturelles nourrissent l’imaginaire de Rose-Marie Crespin qui nous propose pour cette exposition ses toutes dernières créations faites de nouages de fils et de céramiques.
Marie Amédro, l’abstraction géométrique
Se relevant du courant de l’abstraction géométrique qu’elle rattache à une sensibilité écologique, Marie Amédro puise dans l’Arbre sa principale source d’inspiration. « Le fonctionnement interne de l’arbre me fait penser à une organisation sans faille, c’est pourquoi j’aime jouer avec les formes, la symétrie et la verticalité pour créer. Mais les formes n’ont que peu de sens sans la couleur. La combinaison des deux apporte la touche finale aux œuvres : l’idée de mouvement, d’énergie et de vitalité. J’utilise également le collage pour mettre en valeur l’écorce de l’arbre qui protège la sève de l’environnement extérieur. »
Pour Marie Amédro l’arbre a un côté fragile, intelligent et mystérieux qui rompt avec l’image de force et de vigueur qui lui colle à l’écorce ! Pour répondre à sa conscience écologique, Marie Amédro utilise de nombreux matériaux de récupération dans ses créations plastiques : des panneaux de bois, du sable, de la sciure de bois, du papier, du carton, d’anciennes toiles ou du textile… Son intention est de donner vie à ses idées en les transposant plastiquement. Ses œuvres d’apparence minimalistes, portent en elles une histoire chargée de sens.
Vinça Monadé, sculptrice
Vinça Monadé nous présente ses sculptures qui laissent filtrer des réminiscences cubistes tout en s’inspirant du dépouillement de l’architecture romane.
Influencée par des architectes, des designers, des céramistes ou des peintres comme Le Corbusier, Ettore Sottsass, Nathalie du Pasquier ou Guillaume Bardet, elle place la sculpture à la croisée des arts. « Ce dont je cherche, c’est la sobriété des formes et leurs combinaisons subtiles ou la couleur intervient comme une matière picturale. Je façonne des modules que j’assemble librement. Chaque module interagit avec l’autre, ce qui offre ces combinaisons heureuses et aléatoires. Il y a toujours une pièce centrale et d’autres à la périphérie. Ce sont ces dernières qui donnent cet effet de glissement, de mobilité et de hasard. Mais c’est seulement une impression. »
Toute une poésie esthétique émane de ces sculptures. Leur aspect de surface laisse deviner leurs terres d’origine en les encrant dans une matérialité brute, mais adoucie par les gestes de l’artiste qui les a façonnés. Leur couleur participe à leur sensorialité et leur donne une densité lumineuse.
« Le beau est universel et nous amène à la transcendance. Il fait sens. »
Yolaine Wuest, artiste peintre
Dans le cadre de cette exposition, Yolaine Wuest passe de la toile au calque, du noir aux nuances de gris, mais reste fidèle à la peinture à l’huile. Une digression plastique qui trouve son origine dans un projet d’exposition au cœur d’une chapelle romane. Le choix de ce matériau, qu’elle imprègne de ses huiles et pigments, est celui qu’utilisent les tailleurs de pierre pour guider leur travail. Elle y appose ses signes, ses traces dans un jeu de transparence où la lumière participe à la magie de l’œuvre.
Toute forme de figuration est absente des œuvres de Yolaine Wuest, mais elle a développé sa propre graphologie artistique issue de ses émotions, de ses aspirations, de ses intuitions.
Ce sont parfois des mots qui inspirent ses œuvres et guident son geste. « Il m’arrive souvent de laisser résonner en moi des mots qui m’auront touchée, de les lire, les relire, les laisser m’ouvrir des portes. Je les laisse entrer en moi, je les savoure, ils me nourrissent…Je pense alors en formes et lignes. La main n’est alors plus que l’outil, le prolongement d’une forme de résonance… Une façon d’«ouvrir les guillemets »… »
Les guillemets qu’elle ouvre résonnent en nous et servent de fil conducteur entre notre regard et nos émotions. Aspiré par ses œuvres, on se laisse délicieusement dériver au gré de nos rêveries, de nos pensées profondes. C’est une invitation baudelairienne à un voyage intérieur.
« L’art me semble être le vecteur d’une pensée, voire d’une posture, capable de susciter l’émotion, quelle qu’elle soit. »